Rencontre 100% charme avec Allan Theo, un artiste bien dans ses baskets.
Trop d’artistes sont trop souvent assimilés à un tube. Dans le cas d’Allan Theo, le grand tube de la fin des années 90 Emmène-moi, un véritable raz de marée dans les charts ; mais l’artiste a plus d’une corde à son arc ; c’est un vrai musicien passionné et talentueux et il possède une véritable plume ! Allan a répondu à nos questions avec sympathie, naturel et sincérité.
Quelle est ton actualité à l’heure d’aujourd’hui ? Des projets musicaux ou dans l’événementiel vont-ils voir le jour en 2015 ?
J’ai fais un gros parcours sous le nom d’Allan Theo musicalement en langue française et je me suis un peu retrouvé confronté au fait de ne pas pouvoir partir en tournée en Europe comme mes homologues car je ne chantais pas en Anglais et j’ai trouvé cela dommage d’autant que tout ce que j’écoute est en Anglais.
Je me suis dit cette fois ci on passe le cap et on va voir si je peux exprimer des choses aussi fortes en Anglais qu’en Français. Je suis parti sur un projet tout en Anglais avec au départ un travail pour d’autres personnes, notamment des Djs, totalement dans un son club, j’ajouterais que maintenant j’ai une grosse formation d’ingé son et de producteur.
Les producteurs qui travaillent avec moi m’ont dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour moi au lieu de donner mon travail aux autres systématiquement, de là j’ai mis environ un et demi à trouver mon son qui est quand même assez underground.
Entre Reprends Les Armes et ce nouveau son, j’ai pris conscience du besoin que j’ai d’apporter quelque chose de positif aux gens.
Après mon premier album qui était très festif, ma vie a fait que j’ai écrit des choses plus sombres, ça a été une sorte de spirale qui a fait que j’écrivais des choses de plus en plus noires alors que mon but était d’être heureux.
J’ai maintenant envie d’être en paix, ce qui ne veut pas dire que je n’écris pas sur des sujets très personnels mais c’est toujours dans l’optique de faire réagir et de voir le positif.
La grande nouveauté est que j’abandonne le nom Allan Theo, c’est la première fois que j’en parle, pour l’instant je ne parle pas de mon énième solo, mais je vais revenir sous un autre nom, sous une autre image, vraiment dans un style club avec l’optique d’apporter en club des shows qu’on pourrait avoir en concert ! C’est-à-dire pouvoir chanter, jouer avec des vrais instruments, faire des versions longues sans être derrière des platines, c’est mon gros projet actuellement.
Paradoxalement, on m’oriente vers d’autres pays que la France, je pense que de partir comme ça à neuf sans aucun bagage derrière moi, ça va me permettre de démarrer un projet sans a priori.
La musique et toi, c’est une histoire de longue date ?
J’ai toujours aimé la musique, j’ai toujours eu des mélodies dans la tête et j’ai chanté très tôt. Je suis rentré au conservatoire à l’âge de 7 ans, ça a été une erreur car j’étais trop jeune et je n’aimais pas du tout le solfège, je voulais jouer directement, je n’avais pas de plaisir et j’ai vite lâché.
Je m’y suis remis vers 12-13 ans, j’écoutais beaucoup de musiques des Andes bizarrement, à cette époque ma mère m’a offert une flute de pan et j’ai fais beaucoup de camps itinérants.
J’ai trouvé ma place au sein des gens grâce à la musique.
Je me suis mis au piano en travaillant durant des heures, j’ai pris des cours de jazz et j’ai beaucoup joué durant les boums, j’étais souvent sollicité pour jouer et cela m’a permit à exprimer mes sentiments, ce que je n’arrivais pas à faire par le verbe.
J’ai commencé à écrire et à chanter.
Vers 16-17 ans, j’ai commencé à penser à un vrai métier, j’ai fais des études de commerce international, j’ai lâché le piano durant 5 mois, et un jour à Amsterdam, je rentre dans un piano-bar et j’ai renoué avec le piano en jouant durant une heure et demi ; le patron voulait m’embaucher alors que j’étais là-bas pour vendre du vin. J’ai décidé de vraiment me tourner vers la musique à partir de ce moment là en me donnant les moyens, quelque soit le biais, et le premier single est arrivé entre temps.
Ton 1er gros succès approche des 20 ans, Comment expliques-tu que ton public soit toujours là et qu’il te soutienne dans les différentes étapes de ta carrière dont le financement de Reprends Les Armes notamment ?
Il y a 2 choses ; il y a une tranche de personnes qui se sont dit il revient, génial, mais j’égratignais l’image qu’ils se faisaient de moi, comme si je salissais le souvenir de leur enfance ; et puis il y a une autre tranche de personnes qui ont grandi et qui étaient vraiment bien contentes que je ne dise pas la même chose que quand ils avaient 15 ans
J’ai été super étonné par tout ça, je n’avais rien calculé, et c’est aussi la raison pour laquelle je me suis caché si longtemps au sein de groupes, à faire des concerts sans qu’on sache que c’était moi, je me disais jamais on ne me suivra dans cette voie là, plus ça allait plus c’était trash, rock, plus je poussais ma voix, plus les images que j’envoyais étaient dures, ça n’avait rien à voir avec J’ai posé ces quelques mots sur les notes du piano..
Je n’ai pas fais l’unanimité mais les gens m’ont suivi, et ceux qui m’ont suivi c’était comme une sorte de fierté pour eux, peut-être que je faisais ce qu’ils auraient voulu faire à cet âge là.
Je ne suis pas resté collé à essayer de rattraper mes anciens fans, le chanteur propre sur lui, le gendre idéal mettait un gros coup de pied dans la fourmilière, je suppose que c’est pour cela que certains ont participé à ce projet.
Quand j’ai été appelé à faire des concerts pour le salon de l’érotisme, il y a des gens qui venaient me demander des dédicaces pour le nouvel album et pour le premier en même temps, c’était hallucinant ! Tu t’aperçois que quand tu donnes réellement ce que tu es, les gens s’en foutent de ce que tu as fait ou ce que tu n’as pas fait, j’ai même fais une scène à Solidays où le régisseur m’a reconnu.
Au bout du compte, Reprends Les Armes, c’était une forme d’expression.
Avec le clip de Je Dérive, les gens me revoyaient et avec une image totalement différente, je n’avais pas de plan de communication, personne derrière moi, et ça a été un choc énorme par rapport aux médias, tout ceci avec un clip pas cher, j’ai fais en 2 mois ce que j’aurais fais en 2 ans, on a fait claquer 2 fois le serveur de MyMajorCompany et avec ce clip tout le monde m’a appelé de nouveau.
Reprends Les Armes a marqué une vraie rupture musicale avec tes titres passés, c’était un choix osé, si c’était à refaire le referais-tu ?
Oui, je le referais mais pas en Français et je ne démarcherais pas la France, parce que malheureusement dès le moment où j’ai eu des partenaires on m’a freiné. La France n’est pas une patrie qui permet à des Marilyn Manson ou Miley Cyrus d’exister et ceux qui sont en amont des médias te le font bien comprendre, au lieu de m’ouvrir des portes on me les a fermées, ce n’est pas un reproche, c’est juste une culture.
A cette époque, je n’avais pas la conscience où la confiance en moi pour faire cet album en Anglais car j’ai été tellement saccagé par un système qui voulait que je colle à une image.
Ce qui est dingue, c’est que j’ai réussi à vivre de ma musique dès le moment où j’ai été seul.
Ton premier album contenait le tube Emmène-Moi vendu à plus d’un million d’exemplaires ; les producteurs ont-ils voulu donner une image qui n’était pas tout à fait la tienne ? Aurais-tu envisagé un début de carrière plus rock ?
J’étais dans une période d’apprentissage, il fallait que j’apprenne, et on m’a donné l’opportunité de faire de la chanson, de la variété et je l’ai abordé d’un côté commercial mais il n’y a que comme ça que ça fonctionne.
J’ai commencé avec une production qui n’avait jamais fait de disque auparavant, ils ont parié sur moi, on m’a proposé plusieurs titres, j’ai flashé sur la musique d’Emmène-Moi, j’ai écrit les paroles et Boum énorme carton !
La question s’est posée pour le clip et on m’a laissé carte blanche, on a vraiment écouté mes envies, je n’ai jamais été forcé à faire quelque chose, j’étais amusé comme un gamin.
J’avais vraiment un besoin psychologique d’être accepté en tant que chanteur à l’âge adulte.
La seule directive que j’avais, par rapport à mon public, c’était d’éviter la mort et le sexe.
Pour la suite de ma carrière, j’avais envie de prendre des risques, je ressentais comme un manque, le côté variété c’était une moitié de moi, c’était comme un personnage, il fallait que je contente l’autre moitié, une partie plus sombre, c’est à cette époque que j’ai commencé à écouter des groupes rock comme Oasis, Blur ou U2, vraiment sur le tard, et en concert j’ai commencé à les intégrer en faisant des reprises.
Au moment de penser au 2ème album, on m’a fait clairement comprendre que je ne pourrais pas sortir un album Pop Rock, il a fallu que je me batte pour récupérer mon contrat et pourvoir changer d’image, on voulait que je continue dans la veine latino et ça ne m’intéressait pas, j’étais finalement devenu prisonnier de ma propre image.
Tu écris merveilleusement bien notamment tes postes sur ta page officielle Facebook, des choses sont-elles en projet dans le domaine littéraire ?
Oui, complètement, j’ai démarré l’écriture d’un roman noir à l’époque de l’album Reprends Les Armes, je l’ai laissé tomber et puis je l’ai repris récemment.
J’ai un ami qui m’a justement félicité par rapport à mes écrits sur Facebook et qui m’a demandé si quelque chose était en projet, à l’origine il voulait plutôt me voir sortir un recueil de poèmes.
Je suis dans la phase de démarchage chez des éditeurs pour sortir ce livre que je n’ai pas encore terminé.
Il m’a encore fallu un certain temps pour me dire que ce n’était pas un accident.
Le roman ne rentre pas dans une case, c’est à l’image de Mr X, il y a du sexe, de l’obscure mais aussi de la naïveté, c’est la vie tout simplement, il n’y a pas d’effets de manche, c’est un texte cru qui sera destiné à un public avisé.
Comment te définirais-tu à l’heure actuelle ? Quel mode d’expression te correspondrait le mieux en 2015 ?
Je pense que je suis libéré, on a cherché chez moi des choses qui étaient là, notamment les salons de l’érotisme, on m’a dit que c’était rare qu’un homme se mette nu dans un clip surtout en France !
Honnêtement, de mettre foutu à poil ça m’a totalement libéré, et quand je me suis vu chanté devant 6000-7000 personnes les chansons de Reprends Les Armes que j’avais fais chez moi tout seul et les interpréter avec des strip-teaseuses et faire le show en live, je me suis dis c’est la classe !
2 ans après, je suis devenu l’égérie des salons.
C’est libérateur d’être accepté tel que tu es au fond de toi sans avoir à dissimuler des choses, à séduire un public ou une production pour être accepté.
C’est à ce moment là que j’ai fais personnellement un gros travail sur moi.
Que dirais-tu à ceux qui t’ont trop rapidement rangé dans une case ou critiqué ?
Je ne peux pas leur en vouloir, tu as beau faire ce que tu veux, tu ne pourras jamais te justifier car quand tu t’expliques les gens ne comprennent pas, le second degré n’est jamais compris.
On se représente tous le monde à travers notre propre prisme, il faut savoir se remettre en cause constamment.
Je peux comprendre qu’il y ait des gens qui ne peuvent accepter que tu prennes un autre chemin, chacun à sa façon de penser.
Il faut se satisfaire des choses simples de la vie et je dirais que personne ne pourra m’enlever la musique.
Tu n’aurais pas été chanteur, vers quel métier ou dans quel domaine te serais-tu dirigé ?
A la base, j’aurais voulu être professeur de musique mais je n’aurais pas pu tenir, j’ai un gros problème avec les personnes qui ne sont pas passionnées.
J’ai découvert sur le tard mon envie d’être écrivain, c’est quelque chose de magique, tu as ton destin entre tes mains, c’est un domaine où tu es totalement libre.
Le processus de création est un peu le même que dans la musique.
J’aurais dis peut-être comédien si j’avais cette capacité à me métamorphoser en un autre personnage, à me mettre en danger, mais au théâtre pas au cinéma car pour moi c’est trop hachuré.
Mais comme pour tout, à la base, il y a un don à avoir et il faut de la créativité.
La tradition sur Influence est de laisser le dernier mot à notre invité…
On a tous des peurs, on a tous des rêves, et on a tous des rêves que nous ne réalisons pas à cause de nos peurs.
Comment les dépasser ? En les contournant, en agissant comme si l’on était quelqu’un d’autre. Quelque chose de magique se passe : ce rôle que l’on joue, cet autre, c’est en fait toi ! J’invite chaque personne à prendre une de ses peurs, faire comme si elle était quelqu’un d’autre, quelqu’un qui n’en à rien à foutre de se planter, pour la contourner. C’est un premier pas en avant, parfois difficile à initier mais il n’y aura pas de retour en arrière, c’est un jeu, un jeu qui vaut vraiment la chandelle !