Auteur et comédien de talent dans la comédie théâtrale, Franck Le Hen en l’espace de 3 pièces, Bonjour Ivresse, Revenir Un Jour et La Famille Est Dans Le Pré, nous a montré son savoir faire dans l’écriture ainsi que son jeu d’acteur remarquable, l’artiste s’est prêté au jeu des questions pour Influence avec son légendaire entrain!
Peux-tu nous raconter tes débuts de Bordeaux à Paris ?
Je viens d’un petit village qui s’appelle Pompignac et qui se trouve à coté de Bordeaux, j’ai commencé le théâtre vers 13 ans dans une petite troupe amateur qui s’appelait Grain de folie, c’est en allant voir cette troupe une année que je me suis dis mais ils font sur scène ce que je fais dans ma chambre et c’est là que j’ai eu le déclic.
Je me suis inscris l’année d’après et j’ai fais deux pièces avec eux.
Ensuite, j’ai eu un parcours assez classique, je suis allé à la fac et j’ai passé une licence en théâtre, c’était vraiment une très bonne école mêlant théorie et pratique où l’on pouvait monter des pièces et se développer, puis comme tout petit provincial je suis monté à la capitale notamment avec des gens de l’école, et j’ai commencé sur des scènes internationales, assez loin de l’univers dans lequel on me voit à l’heure actuelle.
C’est un jeune auteur Christophe Botti qui m’a remarqué sur une scène internationale et qui m’a proposé de jouer dans des pièces Parisiennes Lit et autres possibilités, Un cœur de père…
En 2005, j’ai joué dans la pièce Theatrouille d’Alex Goude au théâtre Comédia, c’était une grosse pièce, une sorte de Scooby Doo sous acides pour laquelle j’ai appris les claquettes notamment.
C’est en voyant l’énergie d’Alex que j’ai eu l’impulsion de créer moi-même de mon côté.
Avec Eleni Laiou qui jouait aussi dans Theatrouille, nous avons co-écrits Les homos préfèrent les blondes qui est on va dire mon premier succès, une pièce qui a duré plus de 3 ans avec 800 dates avec laquelle on a fait notamment le Festival d’Avignon.
Il a eut par la suite Bonjour ivresse en 2009 et les pièces qui sont actuellement à l’affiche Revenir un jour dans sa première version, puis le remix et La famille est dans le pré.
J’ajouterais que je me suis construit tout seul, sans parents ou connexions dans le métier comme quoi c’est possible.
D’où te vient cette énergie ? Tu parais inépuisable !
Je ne sais vraiment pas, je vous rassure je ne me drogue pas ( rires), il faudrait même plutôt me calmer parfois.
Le conseil, en tout cas, pour des jeunes qui voudraient faire ce métier, c’est le faire à 500% et non à 100% et de toujours croire en soi.
J’aime vraiment ce que je fais et je ne me force pas à le faire, c’est une passion, un vrai plaisir.
Comment fais-tu pour avoir autant d’idées à la fois ?
Tu es l’auteur de 2 pièces actuellement à l’affiche, La famille est dans le pré et revenir un jour ( remix) dans lesquelles tu joues également, il ne t’arrive jamais de t’emmêler les pinceaux ?
La petite blague quand j’arrive , ce soir c’est quelle pièce, quelle est la première réplique, mais sinon non je ne trompe pas.
De l’extérieur, on peut avoir cette impression que je fourmille d’idées, mais je ne suis pas un acharné dans l’écriture, la longévité des pièces ( Les homos préfèrent les blondes 3 ans, Bonjour ivresse 5 ans) permet de prendre son temps.
Il faut que l’idée vienne, je ne fonctionne pas en robotique.
Parlons casting, quand tu écris les pièces, visualises-tu déjà qui pourrait jouer les rôles ?
En général, je dirais moitié-moitié, quand je commence à écrire je pense à gens et puis ça peut changer en cours de route car aux vues des agendas ils ne sont pas forcément libres, en tout cas ce qui est sûre c’est qu’avant d’aller chercher une salle, je fais des lectures avec des comédiens, je veux entendre mon texte, et c’est moi qui valide les comédiens.
Je suis quelqu’un qui aime la fidélité dans le travail, donc j’apprécie de retrouver les comédiens en fonction des projets.
Je n’ai pas envie d’aller vers un théâtre trop poussiéreux, j’aime mélanger les genres, j’ai envie qu’on vienne voir mes pièces comme on téléchargerait une série, que ce soit quelque chose de moderne où l’on prend du plaisir, finalement on peut dire que je fais des pièces pour ceux qui n’aime pas le théâtre (ou qui en ont peur) et pourquoi pas après passer de mon humour à un théâtre plus classique.
Lequel des personnages que tu as crée ou interprété serait le plus proche de toi ?
C’est une question compliquée, même s’il est différent de moi, je dirais Benoît de Bonjour ivresse, c’est un relent de mon adolescence, j’ai joué à 30 ans sur scène mes 18 ans, c’est la pièce que j’ai le plus joué et qui m’a conforté dans l’idée d’écrire seul, mais je suis plus extraverti sur scène que dans la vie.
Dans la pièce Les homos préfèrent les blondes tu interprétais un double rôle, pour Theatrouille tu as appris les claquettes, tu aimes relever les défis, te dépasser ?
A chaque fois que j’écris une pièce, il faut que je fasse une nouvelle performance, qu’il y ait un moment de création.
J’aime me renouveler, créer des choses différentes.
Par exemple pour Revenir un jour il y a la chorégraphie, pour La famille est dans le pré le passage du direct télé ou je compose un gros bourrin, et le flash back dans Bonjour ivresse…
Inconsciemment, c’est peut-être une recherche de performance pour créer un peu la surprise.
J’ai lu que Bonjour ivresse ta première pièce écrite seul a été adaptée en Argentine et au Canada, It’s A-M-A-Z-I-N-G, comment on se sent ?
Forcément on se sent flatté, ce ne sont pas des grosses productions, ce sont des jeunes francophones qui ont remonté les pièces.
Pour l’Argentine, la pièce est devenue Bonjour ressac et elle a été jouée au Moulin Bleu, au Canada c’est Gaétan qui a remonté la pièce et qui l’a (notamment) proposée au gouvernement afin de lutter contre l’homophobie dans les écoles au Québec.
Ces personnes sont venues vers moi très gentiment et je leur ai donné les droits.
J’ai même une fan qui passe des extraits de Bonjour ivresse au Cours Simon, je trouve ça génial, et il y a aussi une troupe à Lille qui tourne depuis 30 ans qui a repris Les homos préfèrent les blondes ou aussi une troupe de comédiens d’une cinquantaine d’années en Belgique qui a refait Bonjour ivresse, c’est toujours très plaisant.
On t’a vu chanter dans tes pièces, tu as co-écrit le texte de la nouvelle chanson de Jakie Quartz, la chanson te tente ?
A la base, il est vrai que je voulais être chanteur, je suis un artiste qui aime tout faire, le jeu, la danse, le chant, je travaille actuellement sur une comédie musicale d’ailleurs…
A l’époque on avait fait un single avec Frank Delay pour la pièce Bonjour ivresse, il s’appelait It’s Gonna Be Beautiful.
Réfléchis-tu déjà aux prochaines pièces ?
Oui, j’ai actuellement 4 projets en cours, un film, une série, une comédie musicale et une pièce.
La pièce est en ré-écriture et plutôt bien partie, il y aura aussi un possible retour de Bonjour ivresse à Paris dans une nouvelle version.
J’ai des projets communs avec Mélanie Kah, Edouard Collin, Ysa Ferrer, Emmanuelle Boidron et Eric Delcourt.
Quel serait ton model dans l’humour ?
Dans la comédie, je dirais Jim Carrey et Cary Grant pour sa carrière, le côté drôle et élégant ; je me sens proche des gens du Splendid pour le fait qu’ils ont tout construit eux-mêmes.
Je suis un grand fan des années 50 ; je trouve que l’on pas fait mieux depuis, je pense notamment à Howard Hawks, Capra, Lubitch, Cukor…
Je suis très sitcoms, également, I love Lucy, Absolutly Fabulous, Friends ou Will & Grace.
Plus récemment, je suis un inconditionnel de Parks and recreation, Saturday night live show et Modern family.
La tradition sur Influence est de laisser le mot de la fin à notre invité….
Essayez d’aimer les gens plutôt que de passer votre temps à vouloir être aimés.