Pour le grand public, Jil Caplan c’est la chanteuse, la charmeuse de serpents, notamment avec les tubes inoubliables Tout c’qui nous sépare, Natalie Wood, Cette fille n’est pas pour toi, Oh Tous les soirs et bien d’autres encore ; mais Jil est plus qu’une chanteuse, c’est une véritable touche à tout, vidéo, littérature, journalisme, théâtre…
Même si résumer une artiste est forcément réducteur, je choisirais deux mots en pensant à Jil, le premier Passion et le second Intelligence.
Faisons donc un Focus sur le parcours riche en expériences artistiques de la jolie Jil.
Peux-tu nous raconter ta rencontre avec Jay Alanski ton pygmalion si je puis dire ?
Nous nous sommes rencontrés grâce des amis musiciens Les Innocents qui enregistraient leur premier single, et Jay produisait le disque, j’étudiais pour ma part le théâtre au Cours Florent, nous avons sympathisé Jay et moi et il m’a demandé si je voulais chanter, j’avais 21 ans et rien à perdre, je lui ai dis pourquoi pas en fonction des chansons.
Nous avions une véritable osmose musicale, les mêmes goûts et nous sommes devenus amis.
Tu entretiens une forte amitié avec les membres des Innocents, vous avez travaillé ensemble à plusieurs reprises d’ailleurs, un album de duos est il envisageable ?
Dans le sens où vous l’entendez, pas du tout.
Je fais tous mes concerts avec Jean Christophe Urbain avec qui nous avons composé l’album Comme Elle Vient, c’est déjà une forme de duo en soi.
Je laisse beaucoup de place au compositeur, le laissant s’exprimer, c’est une véritable association.
En 1996, pour la sortie de ton 4ème album éponyme, tu signe tous les textes, l’écriture est-ce un véritable besoin, tu le ressens comme un témoignage, comme une projection ?
L’écriture est avant tout un vrai plaisir, mon style a évolué depuis 1996, même si je suis fière de titres comme Les clés ou L’âge de raison par exemple.
Un album est toujours un polaroid d’un moment de sa vie, on y met beaucoup de soi, de sa vie, de son être, et avec le temps notre façon de parler, nos préoccupations changent et cela se ressent dans l’écriture.
Tu as réalisé différents films notamment pour Lilicub, Patxi Garat, Kent, es-tu déjà passée derrière la caméra pour réaliser un ou plusieurs de tes clips ?
Oui bien sûr, avec Jay nous avons pensé, écrit et réalisé les clips notamment de Comme sur une balançoire, Cette fille n’est pas pour toi, Natalie Wood…
Il y avait beaucoup plus de liberté à cette époque et personne ne s’attendait à ce que nous voulions faire les choses nous mêmes.
Petite digression vers le cinéma, si je te dis Hitchcock, que me dis-tu ?
Mon nom de scène bien sûr, il vient de George Kaplan l’espion qui n’existait pas dans le film La mort aux trousses d’Hitchcock.
Je suis passionnée par le cinéma en général et plus particulièrement par des cinéastes tels Alfred Hitchcock, Woody Allen, James Gray, François Truffaut et François Ozon.
Comment as-tu choisi les reprises composant l’EP Revue, ces titres font ils partie de ton patrimoine musical ?
Oui, complètement ; à part bien entendu Tout c’qui nous sépare qui a été réarrangé à cette occasion.
Par ailleurs, j’ai développé un véritable amour de la scène depuis 10 ans, et je tourne encore plus, j’ai aussi appris beaucoup au contact de Jean Christophe Urbain qui a fait un beau travail d’arrangement sur cet EP et sur scène nous proposions des versions différentes de ces chansons.
Sur Revue, Marilyn Monroe est présente, c’est un model, une icône, une femme écorchée vive avec beaucoup de grâce, de sensualité et une voix fabuleuse, c’était une femme beaucoup plus forte et maître d’elle même par rapport à l’image que les médias en donnaient.
Il y a aussi Buddy Holly qui fait partie de mon adolescence, Paul McCartney dont je suis fan, et le titre Mon vieux de Daniel Guichard le pathos du titre est un peu facile mais c’est l’image que j’avais de mon père, d’une époque plus ouvrière plus âpre dans laquelle j’ai grandi.
Peux-tu nous parler plus en détails du spectacle théâtral et musical Sur La Route ?
Ce spectacle, c’était un rêve depuis longtemps.
Je suis devenue amie avec Philippe Calvario le metteur en scène et nous avons eu envie de travailler ensemble.
Nous nous sommes plongés dans ce spectacle en cherchant un chaînage de textes tout en y incluant des dialogues, cela s’est construit de manière très rapide, très fluide et très simplement, nous avons été rejoints dans l’aventure par le musicien Seb Martel.
Sur La Route dure 1h15 et ce qui est bien rangé au début se transforme en un véritable chaos sur scène, c’est un spectacle qui bouge.
Nous faisons une lecture de textes de la Beat Generation, un mouvement précurseur des beatniks, d’auteurs engagés et visionnaires comme Jack Kerouac, Raymond Carver, William Burroughs, Allen Ginsberg, John Fante, Henry Miller et même… Céline !
Nous avons été programmés par La Maison de la Poésie, et ensuite nous avons joué à Avignon, le spectacle a été un gros succès, on a obtenu de très bonnes critiques dans Télerama, France Culture, Le Monde et Les Echos.
Ce qui était évident pour moi en musique ne l’était pas pour un spectacle assez modeste.
J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer Sur La Route, avec toute la malice d’une vraie gamine dirons-nous.
On est partis en tournée avec 25 représentations et le spectacle reviendra en 2016 au 104 à Paris.
Tu es active dans la vie associative, quelles causes te passionnent ?
Je ne dirais pas que je suis si active, je suis certainement une féministe dans l’âme, je pars du principe que personne ne devrait être discriminé par rapport à sa couleur de peau, son sexe ou ses préférences sexuelles, pourquoi devrait on avoir un jugement sur la vie d’autrui ?
Je me passionne pour l’écologie, je suis notamment partie au Kenya aider des Massais à faire un camp écologique ; et la cause animale me touche énormément, je suis proche de WWF.
Quels sont tes projets artistiques ou littéraires en 2015 ?
2015 sera plutôt une année de travail intérieur d’écriture, je vais commencer à écrire un nouvel album, j’aimerais publier une nouvelle plaquette de textes, j’ai cette envie d’écrire quelque chose de plus long qu’une chanson, et puis je vais donner des lectures, notamment au Festival Terre de Paroles, je lirais fin Mai un texte de Michel Tournier intitulé Gilles et Jeanne
Merci Jil pour cet entretien fort instructif et cet agréable moment passé à tes côtés.