Rencontre exclusive à Paris avec Soan un poète des temps modernes.
Soan a toujours été rare dans les médias, préférant s’exprimer au travers de sa musique, l’artiste travaille actuellement sur son 4ème album, nous sommes partis à sa rencontre, voici un entretien riche avec un artiste humble et talentueux et qui a su rester vrai et authentique !
Tu travailles actuellement sur ton 4ème album, peux-tu nous en dire plus ? Une date de sortie est-elle arrêtée ? Quels seront les thèmes de tes nouvelles chansons ?
Je n’en suis pas encore au stade de la sortie, pour l’instant je suis entrain d’écrire, je me donne le choix d’écrire encore plus de chansons pour avoir un large panel et pouvoir faire le plus bel album possible, et comme je change de maison de disque, cela prend un peu plus de temps.
Je suis dans une phase où je bosse avec mes musiciens, en faisant mes maquettes de mon côté.
Il n’y aura pas de thèmes spécifiques, on retrouvera plutôt les choses qui m’ont sauté aux yeux durant tout ce temps comme à chaque fois, il se trouve que ça a un peu évolué, ça sera moins centré sur moi, j’ai moins de choses à dire sur moi donc le disque sera plus ouvert, je me pose plus en observateur plutôt que de déballer mes conneries.
4 albums en 6 ans, tu écris beaucoup, as-tu déjà pensé écrire pour d’autres artistes ? La production te tente-t-elle ?
Dans un premier temps, la production ne me tente pas forcément mais je le fais de ci de là en tant que bénévole pour des potes, sinon au niveau de l’écriture effectivement je prépare 2-3 trucs pour d’autres.
J’ai toujours l’impression que je n’écris jamais mais j’ai toujours des textes, c’est bizarre car au niveau temps je n’y passe pas autant de temps que ça mais je passe beaucoup de temps à errer et à réfléchir, au niveau quantité par rapport à un écrivain, ça ne représente pas beaucoup de pages, j’espère juste que c’est du bon car ce n’est qu’un condensé.
Restons dans l’écriture, aux vues de la qualité de tes textes, peut-on espérer un jour Soan en librairie ?
Je crois que c’est déjà le cas en plus, il me semble qu’il y a une bande dessinée sur ma gueule, qui se trouve à La Niche qui est une librairie, mais sinon il y a des recueils de poème qui sont en cours mais j’étais un peu triste car j’ai perdu un carnet avec une trentaine de poèmes.
J’ai noté que tu repartais à la rencontre de ton public avec une série de showcases, une nouvelle tournée est-elle dans les tuyaux ?
La tournée de showcases a déjà commencée et elle ne s’arrêtera jamais, c’est quelque chose que je vais faire tout le temps car j’aime jouer tout le temps et puis ça nourrit le truc et cela me permet de tester de nouvelles choses en petit comité.
On commence au fur et à mesure à augmenter la structure, on arrive à 100 personnes, on organise nous-même en famille, donc c’est plutôt pas mal pour s’entraîner à être tourneur, c’est pas évident, et pour les vibes sur scène c’est deux choses différentes, et j’aime vraiment bien apprendre la finesse tout seul ou avec mon percussionniste ou avec des instruments mais en petit comité.
Il y a 6 ans, pensais-tu qu’au jour d’aujourd’hui tu aurais fait tout ce chemin ?
Je pensais que j’aurais fais plus de trucs, je m’en veux toujours de ne pas faire assez de choses, j’ai quand même un naturel assez feignant, ça représente environ 4 mois à travailler par an, le reste du temps c’est de la oisiveté, choper des idées et écrire des textes, donc en même temps je ne suis pas surmené ; c’est juste une mode de vie qui est inquiétant et angoissant.
Tu as une véritable fanbase très présente sur les réseaux sociaux, comment vis-tu cet engouement ?
Je le vis bien car c’est moi qui l’ai lancé, c’était parti de l’idée que j’avais envie de partager plus directement, de créer mon petit bordel avec des choses qui n’appartiendraient pas à l’industrie.
Sur Facebook, on n’est pas payé au nombre de vues, quand je partage mes maquettes et que je demande aux gens de faire tourner c’est du bénévolat, c’est pour dire à la machine qu’on l’emmerde qu’on est là aussi pour faire les poètes tous ensemble, c’est un plaisir cet engouement car les gens ne sont pas obligés de faire ce que je leur demande, et j’espère que ce n’est que le début et que l’on va faire encore plein de choses ensemble.
A titre d’information, ma page Facebook est passée en l’espace de 3 mois de 4000 à plus de 100 000 j’aime.
Dans Next Time, tu chantais « Si la vie est une pute alors pourquoi j’me sens si seul », en 2015, ferais-tu le même constat ?
Oui mais en même temps ce n’est pas moi qui l’ai inventé, on naît seul, on vit seul et on meurt seul, ce n’est pas de moi, je ferais le même constat mais il sera moins abrutissant, en tout cas un peu moins pour moi, et je rajouterais à la fin de la phrase « donc bouge toi le cul » car personne ne va le faire pour toi.
Qu’est ce que le succès a changé dans ta façon d’être, de penser au quotidien ?
Je crois que ça a changé vraiment rien, j’ai moins d’angoisse à la fin du mois, sinon ça a pas changé grand chose, ça ne me ferait pas me tolérer mieux, je suis assez sans pitié sur ce que j’écris, mon gros combat est ailleurs, je suis assez casanier, je m’en moque du rapport aux autres, je n’ai pas besoin de l’extérieur pour fonctionner, je peux passer ma journée en calbar à écrire, j’ai besoin de l’extérieur après pour partager le truc.
Je crois que je ferais ce que je fais même pour moi tout seul.
Quels seraient tes maîtres à penser ?
Je n’ai pas de maîtres à penser, je dirais qu’il y a des gens qui me donnent des envies, des idées, qui me donnent de l’air.
Je peux rire avec les séries produites par Charlie Sheen, ça me sort de mon truc, quand je trop focalisé à chercher une rime à 5 heures du mat’, je me mate des conneries comme ça, ça peut être aussi un bouquin, du Apollinaire, ça peut être de tout, je n’ai pas de maîtres à penser, j’ai des pensées qui sont maîtresses pour moi, même si ces pensées viennent d’autres gens, actuelles ou d’une autre époque et qui sont intéressantes.
Je trouve, par exemple, qu’Asaf Avidan est un bon témoin de notre époque, ça a un vrai intérêt pour moi et puis ce n’est pas un phénomène de mode, la mode en découle après, nous artistes on s’imbibe de la mode et après on recrache les choses du mieux qu’on peut après.
La tradition sur Influence est de laisser le dernier mot à notre invité…
Alors déjà, je vous inviterais à venir voir la page Soan Decroix sur Facebook, et j’ajouterais, rappelons-nous que les vrais producteurs des spectacles et des disques c’est le public et non le producteur qui est un genre de banquier sympa qui prend un risque avec un artiste, rappelez vous aussi que la manière de consommer à l’heure actuelle est à peu près le seul moyen d’engagement politique direct, on est plus que jamais à l’arbitrage du truc et j’ai l’impression que l’on en a moins que jamais conscience, j’aimerais bien que les gens se réapproprie leur libre arbitre, c’est un peu mon truc du moment.