Aujourd'hui, Influence part à la rencontre de Moïse, une bien belle rencontre.
Moïse, peux tu te présenter à nos internautes et nous raconter ton aventure musicale ?
Une histoire donc, encore me direz-vous, oui, certes mais MON HISTOIRE.
Moïse Louvila de mon vrai nom, je suis né à Brazzaville au Congo. J'ai alors, cette chance d'être un enfant métisse issu de 2 cultures ensoleillées: congolais (Brazzaville) par mon père, et martiniquais par ma mère. Mais mon arrivée sur cette planète ne se fera pas sans encombre, puisqu'à seulement 14 mois je sors d'un coma, faisant suite à un terrible accident qui à failli me coûter la vie. L'orage passera donc, mais en y laissant quelques plumes ; puisque suite au divorce de mes parents, je quitte l'Afrique en 1990, pour m'installer en France (à Lyon) avec ma mère ; que je remercie au passage, pour avoir eu cette force et ce courage, de se battre pour nous.
Bercé par la musique depuis mon plus jeune âge, je navigue entre la chanson française (Joe Dassin, France Gal, Mylène Farmer…pour ne citer qu'eux) sans pour autant échapper à mes origines, avec la culture antillaise. C'est donc à l'adolescence, à l'âge de 17 ans, que j'écris et interprète mes premiers textes sur des « Faces B » (instrumental non exclusif). Tant de choses à dire… Par la suite, sur les conseils de mon entourage, je participe à 2 saisons du "Buzz booster" où je termine finaliste. Il en résultera donc une première partie pour La Fouine puis une de Sefyu. Serait-ce un signe ?
A partir de ce moment là tout s'enchaîne : en 2011 j'ai l'honneur de recevoir Brasco chez moi afin d'enregistrer un morceau ensemble, sur le "Projet Fantôme". Suite à cette collaboration, ce dernier me propose de monter sur Paris pour intégrer leur label Ovni Music. Mais éternel insatisfait toujours à la recherche de la perfection, je décide de travailler de mon coté afin d'affuter mon écriture. Je rencontre alors Némir, Sexion D'assaut, je collabore avec TLF et je m'entretiens avec Maître Gims. Je me rends compte alors que ma musique m'aide à rencontrer les bonnes personnes…
2013 arrive, je participe au Miami Hit Project, afin de peut-être m'envoler pour Miami et enregistrer un single dans l'un des plus grands studios, mais ce ne sera pas encore mon heure. Des opportunités s'offrent à moi : je pose ma voix sur un single intitulé « Avatar » qui illustrera le générique d'un film Parfum Nocturne ; s'en suivra alors la finalisation d'un EP avec une dizaine de titres, la mise en place d'une série de concerts régionaux et prochainement un site internet afin de promouvoir ma musique.
Nous sommes en 2014 et l'aventure ne fait que commencer…
Peux-tu nous parler de ta vision sur la musique ?
Je regrette les années 90, là où tout était possible, où le talent était encore plus important que le buzz, où taper aux portes et convaincre les maisons de disques de négocier un contrat était envisageable.
Quant au peuple, lui qui savait reconnaître un vrai artiste d'un mauvais, n'avait pas besoin d'être éduqué par tous ces médias. D'ailleurs il n’en existait pas si ce n'est les radios.
Pourquoi des groupes comme I AM, Lunatic, Fonky Family, Sniper et j'en passe on émergés et on su perdurer dans le temps. Pour la simple et bonne raison qu'ils ont su toucher les gens au bon moment, transmettrent des émotions tout en apportant à chaque fois quelque chose de nouveau en cohérence avec leur époque.
De nos jours, selon moi c'est ce qui nous manque.
Bon, l'industrie du disque a complètement changé et les attentes du public ne sont plus les mêmes, mais malgré cela les artistes français sont réellement en manque de projets authentiques, de vrais albums. Jay Z par exemple, il a sorti son 1 er album aux alentours de ses 30 ans. Nous nous en sortons tous les 6 mois.
Bien sûr les gens veulent consommer plus et très rapidement et il ne faut pas oublier aussi la pression que les maisons de disque affligent aux artistes. On ne va pas se leurrer, pour eux c'est "bizness to bizness" sinon cela ferais longtemps que nous aurions vu émerger des artistes aux talents énormes issus des fins fonds des banlieues.
Malgré tous ces inconvénients je pense que c'est à nous, artiste de s'imposer, en particulier ceux qui sont déjà en place. Ils ont la chance d'avoir leurs mots à dire face aux majors, la chance de pouvoir leur imposer certaines choses et par dessus tout la chance d'avoir un public sans qui, aucune major, aucun media, aucune radio ne pourrait tourner. Alors rassemblons-nous en faisant les choses bien. En aidant des artiste talentueux qui ont l'envie de réussir et peut être, je dis bien peut être qu'un nouveau bizness naîtra et alors nous serons invulnérable et tous unis autant les majors que les indépendants.
C'est utopique mais pas impossible.
Ton futur EP sortira en 2015, peux tu nous en parler ?
On peut le comparer à l'instinct. Il est en nous et se manifeste souvent lorsque notre vie en dépend. Comme par exemple, pour appliquer cette idée de dernier recours qu'on appel souvent, le système D, ou encore pour utiliser cette force intérieure, qui nous pousse à nous surpasser afin de réaliser ces rêves et les partager. Le sixième sens est à notre âme comme ce que l'ethnicité est à l'indien: on l'a dans la peau et on peut ressentir sa force émanant de chaque morceau de l'album. Chaque instrument, chaque mot, et chaque son sortant de ma bouche ne sont en réalité que le reflet de mon sixième sens. Ils sont à la fois, mon identité artistique et toute mon histoire. D'ailleurs se sont eux qui l'ont créée…
Quels sont tes objectifs, tes buts à atteindre ?
Un artiste à besoin de son public pour avancer pour moi c'est la chose la plus importante quant tu as envie d'en vivre. Non pas parce que c'est ton public qui achètera tes CD (même si c'est le cas) mais aussi, et c'est mon cas, pour le réel intérêt qu'il te porte. Ça fait longtemps que j'aurai arrêté la musique si des personnes ne contribueraient pas à ma motivation et ma détermination. Ça alimente clairement mon "Sixième Sens". Ce sont sincèrement les gens qui me donnent toute cette force pour y parvenir. Et ce n'est pas juste pour flatter que je dis ça mais c'est une vérité.
Mon inspiration viens de ce que j'ai vécu principalement il y a des choses auxquelles je peux m'ouvrir assez facilement et d'autres, beaucoup plus personnelle qui me demande plus de courage. C'est pour cela que je mets du temps à me dévoiler. Je part d'un thème personnel et j'en fait une généralité, car je reste avant tout humain et je fais partie, tout comme tout le monde, d'une société qui nous pousse tous à vivre et ressentir des choses similaire. Avant j'étais jeune, enfermé dans mon cocon sans essayer de voir un peu plus loin que le bout de mon nez. Je pensais qu'à faire des punchlines, des ego trip, balancer des rimes sans queu ni tête en croyant que la musique c'est ça. Maintenant que j'ai pris de l'âge ma maturité me pousse à changer le monde.
Mais malheureusement je ne peux pas le changer. Mais par contre je peux utiliser le don et la chance que dieu m'a donné et inculquer des valeurs, des principes en racontant des choses touchantes, marrantes, ou choquantes (dans le bon sens) c'est le minimum que je puisse faire de ma musique. Et c'est pour cela que quand je vois des personnes qui sont touchées par mes mots, mes histoires, même si ça ne leur parle pas. Ils s'en inspirent et ça suffit. La transmission s'est faite et c'est un grand pas. Car toi tu feras de même à ton prochain et ton prochain fera de même à son prochain…
En terme de musique j'ai envie de ramener quelque chose de nouveau. Être comme tous ces grands précurseurs qui ont réussi à marquer un temps, une époque. Je suis un homme de mon époque et j'ai la chance de pouvoir raconter les choses en musique et le faire découvrir au monde. Mais ce n'est pas sans aide. En 100% indépendant et venant de la province il est très difficile de se faire entendre et d'attirer les maisons de disques. Alors je me battrai jusqu'au bout pour transmettre mes chansons à un plus grand nombre de personnes et pourquoi ne pas dépasser un jour les frontières.
Découvrons le second extrait du futur EP de Moïse Louvila. Ce titre se nomme « Mal accompagné »
Un titre qui pourrait laisser entendre une influence de Stromae….