Les Fatals Picards en interview sur Influence
10 ans que ça dure. 10 ans que le groupe français, Les Fatals Picards, sillonne les routes de France car c’est avant tout un groupe de scène et cela fait 10 ans qu’ils remplissent les salles. Nos dignes représentants à l’Eurovision en 2007 (ils ont finis 22e sur 24, cela fait 2ème en partant de la fin si on veux rester dans l’esprit) viennent de sortir un nouvel album intitulé « Le sens de la gravité », porté par le single « C’est l’histoire d’une meuf ».
C’est à cette occasion que j’ai eu le plaisir de m’entretenir pour vous avec Laurent le chanteur du groupe. Une interview à prendre un peu au second degré.
Vous venez de sortir un nouvel album intitulé « le sens de la gravité », tout d’abord en tant que groupe comment se passe le procédé d’écriture des chansons ?
C’est assez simple nous on est tout le temps sur la route, on passe une année a récolté des idées, ce qu’il se passe autour de nous, dans les journaux …et une fois qu’on a nos idées de thèmes que l’on pense pouvoir traiter avec humour, car l’humour est le fer de lance des Fatals on écrit les textes. En général c’est moi qui les écris mais après on se retrouve tous ensemble pour en discuter, voir si ça convient et après on trouve les musiques pour mettre les textes en valeur.
On peut lire que c’est un album un peu plus engagé que les précédents, y pensiez-vous en l’écrivant et le revendiquez-vous comme tel ?
Ca rejoint un peu la question d’avant, cette année sur la route tous les sujets qu’on avait envie de traiter étaient des sujets de société, pas forcément politiques même si ça se rejoint souvent. C’est un hasard tout en sachant qu’on a bien sur une conscience politique, pas forcément un engagement mais une conscience.
Justement on ne sait jamais s’il faut vous prendre au sérieux ou pas, prenons par exemple la chanson « Lady Diana » dans laquelle vous dites que vous ne croyez pas à la thèse de l’accident. Ici c’est votre avis ou du second degré ?
Alors le coup de la thèse de l’accident est assez récurrent, à chaque fois qu’une icône meurt on cherche toujours à savoir les causes réelles de la mort donc là c’est vraiment du second degré. Le 1er degré c’est que cet accident est vraiment arrivé le jour des 20 ans du chanteur à l’époque et que ça lui a totalement bousillé son anniversaire.
Votre single « L’histoire d’une meuf » a beaucoup fait parler de lui car vous vous en prenez aux Enfoirés, pensiez-vous que cela ferait autant de bruit ?
C’est pas très étonnant car on touche là à quelque chose de sensible en fait, il faut savoir en plus que ce morceau ne devait pas du tout être un single car on préparait « Le combat ordinaire ». Il se trouve que les Enfoirés ont fait une chanson très simple et facile à parodier donc on s’est empressé de le faire après on se demandait comment ça allait être reçu par le public car on ne s’en prend pas aux Enfoirés mais à certaines personnes qui profitent de la soirée pour se faire de la pub.
Vous faites une nouvelle version de « seul et célibataire » qui figurait sur l’album Pamplemousse mécanique, le principe des comparaisons dans la chanson étant infini, envisagez-vous déjà d’en faire une version 3 sur le prochain album ?
Ca pourrait être très drôle, ça pourrait être notre « fast and furious » à nous, il pourrait y avoir plusieurs parties. En fait c’est juste parce que on s’est retrouvé à 4 et on a beaucoup travaillé la scène, « Seul et célibataire » ça a été la première chanson qui a subi d’énormes modifications pour coller à ce son plus rock. Quand on a eu la version sur scène qui pour nous fonctionnait vraiment bien on a eu envie d’en garder une trace sur le disque. Mais comme elle est modifiable à volonté pourquoi pas d’autres versions ça pourrait être rigolo.
Il y a aussi cette version très calme et aux violons de « Mon père était tellement de gauche » qui a eu l’idée de la reprise et surtout dans cette version ?
Alors pareil, avec « Seul et célibataire » ce sont les premières chansons à avoir subi les transformations du groupe. Pour celle-ci c’est Jean-Marc le batteur qui voulait depuis un moment lui donner une sonorité plus tragique, car on croit sinon que c’est une chanson assez légère, et du coup elle s’inscrit dans notre quart d’heure acoustique des chansons de gauche. On voulait faire un quart d’heure américain mais on n’avait pas les moyens alors on a décidé de faire une demi-heure soviétique. A ce moment-là on chante « Canal St Martin » et « Chinese democracy », c’est vraiment dans l’esprit des Fatals.
Je voulais également vous parler de la pochette, vous évoquez très souvent le communisme dans vos chansons, était-ce là l’occasion d’enfoncer encore plus le clou en photo ?
En fait on cherchait un univers visuel suffisamment fort, on avait pensé au début à « l’American way of life » des années 50 et au final on s’est dit on va se représenter en héros Stakhanovistes de la musique. C’est plus pour le coté clin d’œil de la pochette, le côté « Good bye Lénine » que pour l’aspect politique car on ne peut pas dire que le Stalinisme soit le top du top en démocratie.
Votre tournée actuelle va vous mener pour la première fois au Canada, appréhendez-vous un peu ce changement de public ?
Déjà ça fait super plaisir d’aller au Québec en plus on va y aller 3 fois cette année, nous il y a plein de groupes québécois qu’on aime bien comme les Cow-boys fringants, ce sont des groupes qui manient l’humour et on a cru comprendre qu’on avait une bonne carte à jouer. Ce qu’on fait, je pense que, ça peut les toucher et puis il y a le côté festif qui plaira j’espère.
Le groupe a déjà plus de 10 ans d’existence bien que les membres aient changés au fur et à mesure, comment expliquez-vous cette longévité et l’amour du public ?
En fait les gens n’ont pas le choix, on fait tellement de concerts qu’au bout d’un moment ils sont obligés de nous aimer (rires). Quand on a formé le groupe au début avec Ivan on était 2 et on a beaucoup changé l’univers musical, c’était de l’humour et on s’est rapproché de plus en plus de nos influences. Les influences visuelles, elles, n’ont pas beaucoup changées, c’était Les Nuls, Desproges, Lapointe, tous ces gens-là. A force on est arrivé à ce qu’on voulait, on a vraiment le bon équilibre entre l’humour et la musique mais on ne sait jamais pourquoi ça marche. Peut-être que dans les années 80 quand il y avait beaucoup plus de groupes décalés et engagés on serait passé inaperçu mais là c’est bon, et on est une espèce d’ovni, qui ne vole pas très haut, dans le paysage musical français.
On ressent bien cette relation quand vous êtes sur scène avec toute cette énergie, comment faites-vous pour toujours être aussi en forme ?
Y a plein de causes, déjà on est super content de faire ce métier-là, on a la chance de vivre de notre passion. Et aussi on est un groupe qui ne s’est pas fait grâce aux clips et aux radios, c’est vraiment la scène et quand on monte dessus, on y va vraiment avec l’esprit comme si c’était le dernier, c’est surtout ça.
L’Eurovision a été diffusé il y a quelques jours, vous étiez les représentants français il y a 2 ans, quel souvenir gardez-vous de cette sélection et de votre prestation ?
La sélection ça a été un vrai bon souvenir, déjà parce qu’on a été retenu à la fin de l’émission et qu’avec nous on avait que des gens qu’on aime beaucoup MAP, les Vedettes et évidemment Les Wampas. On n’avait pas l’impression d’être ringard car on était au cœur d’une sélection qui se voulait nouvelle. Et quand on s’est retrouvé en Finlande c’était une semaine dans une ambiance assez incroyable, on a pu rencontrer des tas de gens différents et on était dans un palace donc la belle vie (rires).
Aviez-vous beaucoup réfléchi avant de donner votre accord ?
Les Fatals Picards par définition c’est un groupe qui ne réfléchit pas dans ces cas-là. Nous on a entre 30 et 40 ans dans le groupe, pour nous l’Eurovision c’est des soirées d’enfant à regarder des gens avec des coupes de cheveux improbables et des chorégraphies bizarres et quand on regarde « L’amour à la Française » c’est vraiment ça
Y’aura-t-il un autre single pendant votre tournée et connaissez-vous éventuellement le choix ?
Pour l’instant on est sur « L’histoire d’une meuf », le prochain ça pourrait être « Lady Diana », pourquoi pas « Le combat ordinaire » on ne sait pas trop.
Je vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs comme c’est la tradition.
Le mot de la fin ça sera « The End » parce que c’est le mot de la fin dans les films américains quand le cow-boy s’en va au loin après avoir réglé un gros différent qui opposait une famille de pauvres indiens et un méchant blanc cow-boy. Et donc « The End » car c’est le symbole de l’Amérique et la fin du film.