Emmanuel Moire en Interview
C’était notre coup de coeur de la rédac’ depuis quelques semaines et nous avons eu le plaisir de faire plus amplement connaissance au travers d’une interview fleuve que nous vous dévoilons aujourd’hui sur Influence…en attendant de le retrouver prochainement, sur scène. Encore merci à lui pour sa disponibilité.
Vous revenez dans les bacs avec votre second album « L’équilibre » qui se veut plus électro que le précédent, tout d’abord pourquoi ce changement artistique et pourquoi ce titre ?
Je pense que par rapport au public ça fait un changement, mais pas spécialement pour moi, on me connaît surtout pour « Le roi Soleil » en tant qu’interprète donc effectivement on est très loin de cette image. Moi quand je faisais ma musique avant car j’en fais depuis que je suis tout petit, j’ai toujours bidouillé sur des ordinateurs, des claviers et je me suis dit sur ce 2ème album que c’était le moment de revenir à ça, de me faire plaisir et de ne pas parasiter ma création pour plaire ou parce que c’est la mode ou le mouvement. Mais franchement je ne me suis pas posé toutes ces questions pendant la préparation, pour être le plus honnête et sincère possible. Après c’est vrai plus je travaillais et j’avançais sur mes titres et plus ils avaient un coté pop électro, car encore une fois ce n’est pas de l’électro non plus ça reste de la chanson. J’ai tout fais avec mon cœur et je me suis posé des questions à la fin mais c’était le moment, je n’allais pas sortir un 2ème album dans la même veine que le premier car sinon tu es étiqueté à vie et je l’aurais mal vécu, il faut savoir se lancer des challenges sinon c’est pas marrant.
N’avez-vous pas peur de trop surprendre votre public par rapport au premier album ?
Oui la peur elle est là mais de toute façon c’est trop tard (rires). L’avantage c’est que je peux affronter ces peurs et ces doutes aujourd’hui avec une confiance sur l’artistique. Même si c’est diffèrent et que ça peux dérouter moi je suis confiant à 100%, je suis le premier fan de mon album et j’en suis très fier. J’ai porté le projet du début jusqu’à la fin, j’étais leader et c’est quand même mieux de penser que c’est le tien plutôt que d’inventer une image ou autre. La j’ai fais vraiment les trucs comme je les ressentais donc ça ça m’aide, après ça fait partie du métier, on se demandera toujours à chaque album si le public va aimer mais moi je n’ai aucun remords, si je devais déjà le refaire je referais pareil.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer rapidement le titre de l’album ?
En fait, moi j’avais un titre qui existait qui s’appelle « le juste équilibre », mais il était beaucoup trop vieux pour aller avec le répertoire de cet album mais j’aimais bien le propos car ça parlait de mes forces et de mes faiblesses. Je trouvais que l’album même sans cette chanson parler de tout ça et j’ai pensé que l’album était un bon résumé de cette vieille chanson mais en 12 titres donc c’était le meilleur choix.
Le premier single de cet album s’intitule « adulte et sexy », est-ce que cela vous caractérise maintenant que vous avez peut être plus d’assurance ?
(Rires) Adulte oui, sexy ce n’est pas à moi à décider, à ma manière je suppose mais je n’ai aucune prétention ce n’est pas une revendication. Adulte oui parce que je vais arriver à 30 ans, j’ai vécu le meilleur comme le pire dans ma vie perso donc à un moment tu te recadres et oui tu grandis.
Pourquoi ce choix audacieux en premier single ? Etait-ce pour annoncer la couleur de l’album ou davantage un coup de poker ?
Ce qui est marrant c’est qu’encore une fois on ne s’est pas posé de questions. Après depuis la promo je vois l’impact, ce que les gens écrivent dessus et ça part dans tous les sens. C’était pour moi un titre assez bien car déjà c’était totalement différent de ce qu’on connaissait de moi musicalement, je me suis fais un album sur mesure j’avais envie de plus de fun et d’énergie. Ce titre là avait une évidence, même à l’état de maquette quand je suis venu présenter mes titres, celui là sans le vouloir avait déjà quelque chose de très radiophonique avec pas mal de choses qu’on retient et le propos qui est assez fédérateur. J’essaye de donner de la profondeur à mes textes pour qu’on sente qui je suis derrière et pas faire seulement la musique. C’était évident pour moi et aussi pour la maison de disques donc dans ce cas là on fonce. Ce n’est peut être pas celui qui représente le plus l’album mais c’était le meilleur premier single possible et je sais que j’ai d’autres armes derrière qui vont pouvoir m’aider à consolider cette nouvelle image. Je n’ai rien contre l’image que je véhiculais jusque là mais j’ai envie d’ouvrir la nouvelle et ça va se faire sur des mois avec un deuxième et sûrement un troisième single.
« Changer de peau » comme vous dîtes dans la chanson, c’est quelque chose que vous vouliez pour vous démarquer de la période du Roi soleil ?
Je ne sais pas si c’est quelque chose que j’ai voulu ou qui s’est fait naturellement. Je ne suis plus le petit gamin de 25 ans qui rêvait de faire de la chanson quand je suis arrivé à Paris avec mes yeux grands ouverts. Changer de peau oui on le voit depuis mes débuts déjà physiquement mais aussi dans l’état d’être, à l’intérieur c’est toujours le même mais j’ai grandi.
Sur les chansons « Mieux vaut toi que jamais » et « Dis moi encore » on vous entend parler sur les passages chantés, peut-on dire qu’Emmanuel Moire se met aussi au rap ?
Ca me fait rire mais non ce n’est pas du rap. On m’a connu surtout en tant que chanteur un peu à voix, avec la performance derrière, comme j’avais un manque de confiance c’est vrai que j’avais envie de montrer que je savais chanter mais au bout d’un moment ce n’est pas intéressant ni pour moi ni pour le public. Dans cet album j’étais vraiment au service de ce que l’ont avait créé avec Yann et ont a pas fait le coté « chanter pour chanter » donc sur certains c’est plus sur l’interprétation voir la sensualité. « Dis moi encore » c’est une chanson un peu coton, de confidence sur l’oreiller, je voulais un truc derrière un peu redondant dans cet esprit là et ce qui s’approprie le plus à ça c’était de parler mais ce n’est pas du slam je revendique rien. Encore une fois je ne regrette rien du premier album mais il manquait toutes ces petites choses là que j’avais envie de lâcher dans un autre registre sans me mettre de barrière. Les gens le font assez pour toi après quand ils te mettent dans des cases donc il ne faut pas le faire quand tu crées.
Dans « Habillez moi » vous dîtes que « rien ne vous atteint ni ne vous touche », c’est vraiment ce que vous ressentez face aux critiques ?
Alors ça va mieux aujourd’hui, j’ai tellement eu de critiques, ce qui est normal c’est le métier ce n’est pas que pour moi ça en fait partie. Aujourd’hui j’ai une autre manière de gérer; déjà j’essaye d’aller moins chercher, dès que je vois un site qui est un peu trop malveillant ou à l’inverse trop gentil car les extrêmes sont toujours dangereux et bien j’évite de lire. Maintenant avec le recul je me dis, on peut dire ce qu’on veux ça ne changera pas la personne que je suis. Ca peux me toucher et me faire mal c’est sur, je suis un être humain mais si les gens pensent mal c’est par rapport à mon travail. A partir du moment où il y a de la critique c’est bon, y a des gens qui sont curieux donc que ce soit en bien ou en mal on parle quand même de toi et c’est le principe. Il y a un peu d’arrogance dans ce titre.
Vous penchez vous sur vos passages télé et radios afin de pouvoir y apporter une critique et corriger certaines choses par rapport à ça ?
Oui mais pas tous, il y a des choses où je sais que j’étais bien et d’autres j’ai des doutes, donc quand j’ai un doute effectivement je vais voir quand c’est possible. J’ai un forum actif tenu par des fans qui est hallucinant car ils ont tout, les promos, les presses, les interviews… et il y a même des choses parfois que je ne pensais pas avoir fait donc je regarde de temps en temps. Là, je le fait depuis le début de cette promo, il y a une chose qui revient c’est que pour le moment je me trouve sincère, avant j’étais trop politiquement correct en essayant d’avoir la bonne phrase au bon moment pour pas faire de dérapage mais en fin de compte ça ne marche pas comme ça. C’est quand tu es toi même que les gens se retrouvent en toi, c’est pas en étant parfait. Après je vais voir aussi car je me méfie; parfois dans la presse tu dis des choses et ils prennent une phrase pour en faire un titre accrocheur. Une fois que tu as donné ça ne t’appartient plus.
Pensez-vous déjà au fait que tout peut s’arrêter du jour au lendemain dans ce métier comme vous l’évoquez dans « retour à la vie » ?
J’en suis convaincu, pour moi c’est à chaque fois tu repars à zéro. Encore une fois je suis très fier de cet album et je le défendrai jusqu’au bout mais je ne sais pas où je serai dans un an. Cela reste un métier de saltimbanque, malgré le talent qu’ont les artistes et leurs façons de communiquer, il n’y a pas que ça qui décide de la pérennité d’un album ou d’un artiste, il y a le public et aussi un peu de facteur chance. Rien n’est jamais acquis, mais ça je le sais depuis longtemps j’en suis conscient, c’est aussi ce qui m’a motivé à faire un album le mieux possible pour ne pas avoir ni de remords ni de regrets. Tout ça est incontrôlable il y a toujours une part de danger.
On parlait du forum, on peux y voir que vos fans vous soutiennent énormément, quels rapports entretenez-vous avec eux ?
C’est un rapport assez serein, moi j’ai toujours dis à mon public, tant qu’on sera respectueux et bienveillant je le serai toujours. Aujourd’hui les gens qui le sont moins ou qui me balancent un truc à la figure je réponds, la vie fait qu’on ne peut pas toujours être gentil, je suis d’accord avec moi-même et quand je suis triste ou joyeux je le manifeste. Je suis assez présent surtout sur le myspace, je n’hésite pas à remercier, à mettre des exclus, à ne pas oublier que c’est d’abord grâce à cette base de fans que j’existe, en plus je suis content là où je pensais que l’album pourrait dérouter c’est là où ça les a touchés. A moi d’élargir aussi mon public et là encore c’est sur le temps, tu ne forces pas les gens à acheter ton disque ni à venir te voir en concert, tu ne peux pas plaire à tout le monde.
Seriez vous prêt comme ça se fait beaucoup en ce moment de faire un concours pour les laisser choisir le second single ou le choix est déjà fait ?
D’abord leurs avis, oui. Après pour vraiment choisir les choses je ne sais pas car le public de fans est un public en principe en parti acquis et comme mon but est d’aussi d’élargir je pense qu’il faut se fier à ses intuitions et à celles des gens autour de moi. Ne pas forcément aller là où les gens ont envie que j’aille mais avoir leurs avis oui, en général c’est assez unanime les titres qui touchent le plus et que les gens ont envie d’entendre en 2ème single, ça revient toujours autour des même et donc je pense qu’il y a des évidences un peu et je crois pas que je me planterai là-dessus.
Autrement, il n’est pas encore prévu mais j’ai mon idée derrière la tête, mais il faut attendre là ça fait encore super tôt avec la sortie du premier. C’est long car les gens qui suivent l’actualité sont forcément au courant mais ceux qui ne connaissent pas le Roi soleil ou qui ne savent même pas que j’existe ça prend du temps avant qu’un maximum de personne aient pu entendre le morceau. Mais je pense que ça sera prévu avant l’été.
Vous proposez une pochette originale et très travaillée signée Laurent Seroussi, pouvez vous nous en expliquer le concept ?
Je peux en parler mais je préfère que les gens s’imaginent leurs propres histoires c’est comme pour les titres, c’est bien que chacun ait sa lecture. Pour la pochette ce qui est bien c’est que Laurent à tout de suite trouvé une idée en accord avec le titre, je voulais une pochette qui raconte quelque chose, qui ne soit pas juste ma tête car je ne suis pas mannequin mais artiste. J’essaye de toujours proposer un truc en rapport avec l’artistique. Laurent je connais son travail depuis longtemps pour plein d’artistes donc forcément quand on a été le chercher c’était pour de bonnes raisons. Donc on me voit un peu en apesanteur retenu par des fils de laine, ça veut dire beaucoup de choses, c’est une lecture de l’équilibre. Il y a pleins de manières ça peut être aussi chaque fil représente une chanson, un propos ou une histoire de l’album qui me permet de rester en équilibre
Vous partez en tournée dans quelques mois, avez-vous déjà commencé à réfléchir à la mise en scène des chansons et à l’univers que vous souhaitez présenter sur scène ?
Oui bien sur car encore une fois j’ai envie d’être leader des choses bien que je ne sois pas tout seul, je ne suis pas un dictateur j’écoute quand même l’avis des gens qui m’entoure. Je bosse déjà dessus car j’ai envie de préparer les choses sinon tout se fait à la va vite et c’est pas bon, je ne suis pas prétentieux là-dessus car je commence par des salles de tailles humaines déjà. On ne sait jamais ce qui va se passer donc il vaut mieux rester humble, le travail sera plus sur la lumière et les visuels, bien sur la musique sera très présente. Il y aura en tout cas l’univers de l’album avec des chansons qu’on va agrandir, adapter, de la réactivité avec les gens, ils payent pour venir nous voir donc j’ai envie que ce soit une soirée qu’ils n’oublient pas. L’important pour moi c’est qu’ils en aient pour le prix du billet, quand tu dépenses 15 euros pour un album ou 30/35 euros pour un concert la moindre des choses c’est de proposer quelque chose de bien. Il y aura aussi des surprises et des chansons qui ne sont pas dans l’album mais qui vont être faites exprès pour, j’aime bien aussi donner des exclus aux gens qui ont fait le pas de venir. Et puis après oui c’est surtout sur la lumière, il n’y aura pas de décor mais ça sera en rapport avec la pochette car j’en suis très fier. Alors après je ne serai pas suspendu pour chanter sur scène ça serait compliqué (rires) mais je vais essayer de donner une image proche de l’équilibre.
Vous dîtes souvent que vous êtes leader, vous avez beaucoup de liberté du côté de la création ou des idées ?
Ce n’est pas que j’ai beaucoup de liberté, en fait j’ai décidé de la prendre car je me suis rendu compte qu’il y a toujours trop de gens qui décident à ta place à qui tu fais confiance et parfois tu te retrouves dépassé par les évènements. Etre artiste ce n’est pas simple, ce n’est pas juste chanter ou montrer sa tête mais aussi faire des choses qui te touche ce qui fait de toi quelqu’un d’unique. On ne m’a pas barré la route car quand on sent que l’artiste est bien dans sa tête et qu’il sait ce qu’il veut il n’y a rien à dire et c’est ce qu’il s’est passé. Je sais très bien ce que je veux et surtout ce que je ne voulais plus et c’est beaucoup plus facile pour tout le monde maintenant. Il y toujours des petites concessions de l’ordre « politique » mais pas au niveau de l’artistique, ça je n’en veux plus.
Pour terminer en général on laisse le mot de la fin à nos invités.
Je suis toujours très reconnaissant des gens qui me suivent, que ce soit vos lecteurs ou votre équipe et tout ceux qui contribuent à faire parler de moi c’est un éternel remerciement. Moi je travaillerai toujours main dans la main avec les gens qui veulent aller le plus loin possible.