Robert est une artiste encore trop méconnue du grand public. A tort. En dépit d’une certaine absence médiatique et d’un silence radio systématique, la chanteuse Robert a un réel succès. Sa musique baroque mêlée aux sons électroniques, sa voix particulière, son univers qui évolue entre le féérique et le tragique, des textes qui abordent les thèmes de la mort, de l’enfance, de l’amour, lui valent souvent la comparaison avec Mylène Farmer. Alors que les deux femmes ont un univers et un parcours artistique bien différent. Robert était à La Cigale le 14 février 2009 pour un concert exceptionnel. Elle sera le 17 avril 2009 à partir de 21h en concert à Dunkerke, à la salle » Les 4 écluses » et le 18 avril 2009 à partir de 20h30 à Lille Comines, salle » Le Nautilys ».
Vous avez sorti votre 5ème album studio « sourde et aveugle » le mois dernier et encore une fois sans promo. C’est un peu un choix ou ce sont vraiment les radios qui ne veulent pas vous suivre ?
C’est un peu des 2 (rires). Je ne me reconnais pas tellement dans le paysage médiatique radio et je ne pense pas même qu’il trouverait une place pour moi, les choses ne sont pas dîtes comme ça bien sur, mais elles se passent comme ça.
Ce nouvel album est plus orienté acoustique voir un peu pop ce qui change de l’univers glacial habituel, A quoi est du ce changement ?
Je dirais que c’est un album plus joyeux que les autres. Rien que par le titre je trouvais ça plus drôle. J’ai eu un accident il y a 2 ans ou j’ai failli perdre la vie et ça a été un déclencheur pour moi et c’est vrai que les gestes et les écrits qui ont suivi ont été trés optimistes. Je n’ai plus peur de la mort et je suis très contente d’être en vie.
Votre voix a un peu évolué depuis l’album « Celle qui tue », de quel manière la travaillez vous ?
Je ne la travaille pas, jamais. Je ne contrôle rien.
On peut lire qu’on trouve en vous du Barbara dans la chanson « L’oiseau dont j’ai rêvé », est-ce une artiste qui justement vous a inspiré d’une manière ou d’une autre ?
Ah oui complètement, Barbara ça a été toute mon enfance avec Marie Laforet et Serge Reggiani. C’est un compliment que vous me faîtes là, il est évident que quand j’écris je ne pense pas à être, c’est assez naturel même si là je viens de faire une reprise de « Vienne » de Barbara sur un cd 4 titres. A chaque fois que je fais de la scène on me dit qu’on a pensé à Barbara même si moi je ne trouvais pas le rapport.
On découvre 2 reprises sur cet album, une des Doors et une de Johnny, vous aviez déjà repris du Marie Laforet. Comment se font vos choix et est-ce un exercice que vous appréciez spécialement ?
De façon très différente, Barbara c’est parce que c’est une artiste que j’aime énormément. La reprise de Johnny c’est surtout pour la chanson « Ma gueule », car cela fait quand même 18 ans que je fais ce métier et cela fait 18 ans qu’en radio ou en télé on dit « Ah non pas elle » à chaque fois que j’arrive. Donc je me dis « mais quoi ma gueule ? ». Cette chanson s’est imposée à moi au niveau du texte réellement, en lisant les paroles c’était évident.
Par rapport à The Doors, c’est parce que j’adore le film « Apocalypse Now » que je regarde au moins une fois par mois et c’est une conquête omniprésente dans ce film et donc voila.
Il y a également le très beau duo avec Austyn, sa voix grave tranche avec la votre et le résultat est très agréable. Pouvez vous nous parler de la rencontre ?
J’avais déjà fait le duo avec Sacha Bourdo sur l’album précèdent (Sur la chanson Histoire de Loup) et c’est vrai que j’aime les voix d’hommes peut être en opposition à moi où on me dit que j’ai une voix d’ange, j’aime les voix rocailleuses et d’hommes c’est pour ça que j’ai justement pensé à ce prénom ROBERT.
La rencontre s’est faite sur Internet, une amie m’a dit d’aller sur son myspace et cela m’a vraiment beaucoup plus. Pendant la tournée je l’ai invité à venir me voir à Lyon et après le concert je l’ai croisé. Je ne m’attendais pas du tout à voir un garçon aussi frêle, maigre avec sa grosse voix. Je lui ai proposé de faire un duo mais je n’étais pas dans l’esprit d’écrire des chansons car j’étais en pleine tournée donc je lui ai dis « vas-y, c’est toi qui fais tout :parole et musique et on y va ». J’avais confiance.
Et concernant celle avec Majandra Delfino, que l’on connaît en France grâce à son rôle dans la série Roswell, comment est né ce duo sur « Le prince Bleu ». Et avez-vous gardé contact ?
Là c’est un ami commun qui connaissait bien Majandra dont la première passion est le chant et cette personne m’a dit « il faut absolument que tu rencontres cette fille. » Des contacts ont été pris, Majandra m’a envoyé son travail et j’ai trouvé la voix tellement différente de la mienne et complémentaire que j’ai de suite pris mon billet d’avion sans même avoir signé un contrat ou quoi que ce soit. Cela fait partie des rencontres magiques d’une existence.
Encore une collaboration mais ratée celle-ci, avec Laurent Boutonnat qui voulait remixer pour vous « Les jupes », avez-vous eu des contacts dans ce sens depuis tout ce temps ?
Ah Laurent, c’est assez particulier. En tout cas le fait que ça ai raté n’enlève pas l’admiration que j’ai pour ce garçon.
Ce que l’on apprécie aussi beaucoup chez vous c’est la beauté de vos clips, Gabriel Aghion à réalisé celui de « Personne », quel souvenir avez vous du tournage ? Et vous à-t-il dit pourquoi il a accepter de rentrer dans votre univers ?
Pourquoi surtout à t’il voulu faire un clip. Une fois de plus c’est un ami qui lui a fait écouter « Personne » il a adoré la chanson et c’est lui qui m’a contacté en disant voila je veux faire le clip et donc j’ai dit d’accord. C’était super j’étais chez lui et c’était vraiment des petits moments de rêve, ceux qui ont lieu comme ça. Alors ce n’était pas tout les jours drôle et très facile mais il y a des moments superbes.
Pour parler de vos fans, on sent beaucoup leur présence depuis le début à vos côtés, quel rapport avez-vous avec eux ? Est-ce facile à gérer cette forme d’amour particulière ?
Oui, parce que d’abord ils sont ce qu’ils sont, ce sont des gens qui ont beaucoup de respect et pas envahissant au niveau de ma vie privée. Il y a eu quelques dérapages, des gens qui sont arrivés chez moi, mais en dehors de ça les gens ont beaucoup de tenue et moi j’ai bien conscience que sans le public je ne suis rien. Après les concerts et les forums, je passe presque plus de temps avec eux à signer les autographes et faire des photos par plaisir. Parce qu’ils sont là, ils ont parfois payé l’avion, pris une chambre d’hôtel c’est énorme ce qu’ils font pour venir me voir et je leur dois ça. J’ai le sentiment qu’en plus du spectacle, je me dois de passer du temps avec eux mais uniquement dans le monde musical, autrement pas en ce qui concerne ma vie.
Ces mêmes fans se demandent souvent pourquoi votre album du live à la Cigale n’est vendu que sur votre site, est-ce une stratégie commerciale ?
C’est juste qu’il a tellement été vendu qu’il a été très vite épuisé et que l’on a pas encore ré-édité. C’est vrai qu’on ne pensait pas qu’il aurait un tel impact mais je n’ai pas plus d’info car je ne me tiens pas très au courant de ce qu’il se passe au niveau sorties.
Une anecdote à une séance de dédicace pour « unutma »: 2 personnes m’ont fait dédicacer un album et je le découvrais. C’est eux qui m’ont expliqué que c’était un double avec les chansons et les clips. J’essaye un peu de me préserver de ce côté marketing.
On à l’habitude de laisser le mot de la fin à nos invités, avez-vous quelque chose à dire à nos lecteurs ?
A vos lecteurs, j’aurais envie de dire que je suis contente que cette rencontre soit possible déjà par le biais de cette interview et peut être plus si affinités comme on dit.
L’album, Sourde et Aveugle est disponible en version cristale avec deux titres Bonus: Sorry et Tout est calme (élévation mix).
Le Maxi CD, Sorry, contient 6 titres dont la superbe chanson, Vienne, de Barbara. Vous pouvez le trouver chez les bons disquaires.