Le film d’horreur américain Saw III est interdit en France aux moins de 18 ans, a décidé ce mardi le ministère de la Culture, suivant l’avis de la Commission de classification des oeuvres cinématographiques, en dépit des protestations de certains professionnels." Après avoir visionné" Saw III, réalisé par Darren Lynn Bousman, "le ministre Renaud Donnedieu de Vabres estime que la violence et le sadisme incessant et insoutenable de scènes s’apparentant explicitement à des tortures physiques et morales justifient pleinement cette décision d’interdiction", précise le ministère dans un communiqué.
Cette "interdiction du film aux moins de 18 ans n’interdit pas sa distribution dans les salles, mais nécessitera cependant lors de sa possible diffusion télévisée, un cryptage et un contrôle parental", poursuit-il. Saw I et Saw II avaient été interdits aux moins de seize ans.
Le ministère a tranché, à la veille de la sortie du film, après avoir été saisi par plusieurs organismes professionnels, notamment deux organisations syndicales traditionnellement proches du cinéma d’auteur. Ainsi le syndicat français de la critique de cinéma avait-il protesté contre le fait que "pour la première fois depuis la promulgation du décret du 12 juillet 2001 réinstaurant l’interdiction aux moins de 18 ans (hors films X)", un film dépourvu de "scène de sexe explicite" se voie "menacé d’une telle interdiction".
La Société des Réalisateurs de Films (SRF) avait dénoncé un "retour en arrière regrettable, dans une société où la maturité dans le domaine de la culture de l’image est communément reconnue aux adolescents". Ces professionnels ont été rejoints lundi par la Fédération nationale des distributeurs de films et le Syndicat français de la critique de cinéma, qui a craint notamment une "hausse générale du niveau de la censure".
La Commission de classification des oeuvres cinématographiques, présidée par Sylvie Hubac et chapeautée par le Centre national de la cinématographie (CNC), avait rendu deux avis consécutifs recommandant une interdiction aux moins de 18 ans. Elle pointait une "succession ininterrompue de scènes de très grande violence et une accumulation d’images de torture gratuite qui peut perturber particulièrement les spectateurs". Une telle interdiction était-elle réellement nécessaire, le débat fait déjà rage.